Une grande part des prêts de la Banque mondiale finissent dans les paradis fiscaux. C’est ce que révèle une étude interne menée il y a peu.
Au moins 7,5% de l’argent prêté aux pays dépendant de l’aide finissent dans les paradis fiscaux, dans des comptes bancaires offshore, anonymes et privés. Il s’agit des opérations-retour. Dans certains cas, elles peuvent aller au-delà de 20%.
Ce n’est pas la première fois que la Banque mondiale se penche sur la corruption. Mais, c’est la première fois qu’un rapport chiffré établit une corrélation entre l’aide apportée aux pays pauvres et un gonflement des transferts des fonds vers les paradis fiscaux. La dette des pays démunis est parfois incompréhensible.
L’étude de 45 pages, intitulée «L’aide financière accaparée par les élites», démontre en effet que lorsque la Banque Mondiale accorde des prêts, il existe des méthodes de transfert d’argent vers les paradis fiscaux notamment la Suisse et le Luxembourg.
Le document s’intéresse à 22 pays dépendant de l’aide. Les pays africains comme l’Érythrée, le Burundi, la Guinée-Bissau et la Sierra Leone ont été victimes de mauvaises pratiques de la Banque Mondiale.
L’estimation, précisent les enquêteurs, ne tient compte que des transferts financiers et n’inclut pas les possibles dépenses immobilières ou en biens de luxe.
Ce rapport, très embarrassant pour la Banque mondiale, a provoqué des remous en interne. L’institution a notamment modifié certains mots-clefs. Ainsi, le lien de «causalité» suggéré par les chercheurs, est devenu une «corrélation». Coïncidence, corrélation ou lien de cause à effet, l’économiste en chef de la Banque mondiale, Penny Goldberg, a claqué la porte le 5 février dernier. Et pour cause ? Un profond malaise à Bretton Woods. La RDC est donc avertie.
Gaby Kuba Bakenga