C’était un certain 1er août 2018 que le gouvernement congolais annonce par le biais du Ministre de la Santé publique de l’époque le Docteur Oly Ilunga, l’apparition d’une nouvelle épidémie de la maladie à virus Ebola, confirmant ainsi les rumeurs qui circulaient depuis peu.
L’appel est lancé à l’endroit des partenaires pour aider le pays à faire face à cette dixième épidémie de la maladie à virus Ebola.
Très confiant et optimiste car le pays s’est déjà sorti de neuf épidémies, la machine de la riposte s’organise, des équipes sont constituées et lancées sur le front de l’épidémie dans l’Est.
Tous les intervenants ignorent encore que cette épidémie n’a vraiment rien à voir avec les expériences passées et que la riposte va être longue, complexe et multisectorielle.
Sur place, les équipes se retrouvent dans un environnement particulier marqué par une situation sécuritaire volatile caractérisée par la présence des groupes armés locaux et étrangers qui de temps en temps, s’affrontent entre eux ou avec les forces régulières.
Et ajouter à cela un système sanitaire mal équipé et grave encore une population qui s’élève en opposition contre les équipes de riposte déployées sur place.
Près d’une année après, la situation sur le front de la riposte se dégrade au jour le jour. Les cas positifs se multiplient et les décès s’accumulent, les nombres des contacts explosent. Les attaques contre les centres de prise en charge et les prestataires de soins engagés dans la lutte augmentent.
Les actes de résistance aux stratégies de lutte deviennent inquiétants, les zones de santé des pays voisins sont menacées d’être touchées par l’épidémie.
Le 17 juillet 2019, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) déclare la dixième épidémie d’Ebola en RDC une urgence de santé publique de portée internationale.
Près de 30 zones de santé sont sérieusement touchées dans trois provinces à savoir: le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri.
Tous les regards du monde entier sont tournés vers l’Est de la RDC. La communauté internationale s’investit à fond aux côtés de la RDC.
Vers le dernier trimestre de l’année, le Chef de l’État, Félix- Antoine Tshisekedi Tshilombo, rappelle le Docteur Jean-Jacques Muyembe et lui confie le Secrétariat technique du comité multisectoriel de la riposte à l’épidémie de la maladie à virus Ebola avec pour mission de mettre totalement fin à cette épidémie qui s’enracine dans l’Est du pays.
Le nouveau Secrétaire technique réorganise la stratégie de riposte, installe son quartier général à Goma, dans la province du Nord-Kivu et s’en va-t-en guerre contre la résistance de la communauté aux activités de riposte en organisant des campagnes de sensibilisation et des plaidoyers pour convaincre la population d’accompagner la riposte.
Après quelques mois, l’épidémie enregistre une baisse et se concentre à Beni, Mabalako et Katwa avant de se cristalliser à Beni, dernier bastion de l’épidémie à être vaincu.
La dixième épidémie d’Ebola dans l’Est de la RDC, la plus meurtrière et la plus longue de l’histoire du pays, aura fauché 2287 vies sur les 3470 cas confirmés positifs.
1171 personnes ont recouvré la bonne santé après la maladie. Onze prestataires de santé y ont laissé leurs vies, les structures de santé ont connu plus de 300 attaques.
Pour la première fois, médicaments et vaccins anti Ebola ont été utilisés. Plus de 320 milles individus ont reçu les doses de vaccin. Plus de 180 millions de personnes ont été contrôlées aux postes d’entrée des provinces et plus de 250 milles contacts retracés. De cette épidémie particulière, la RDC sort grandie et expérimentée.
Une expérience qui va sans nul doute être utile pour maîtriser très rapidement la 11ème épidémie qui s’installe déjà cette fois-ci à l’Ouest du pays, précisément dans la province de l’Equateur.
Manzu Lydie