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Le huis clos imposé aux sports : décision préventive, mimétique ou sélective ?

publié le 19 août 2020 à 08:23:59

Les activités sportives ont officiellement repris samedi 15 août 2020 en République démocratique du Congo, après environ 5 mois d’interruption suite à la pandémie de Covid-19. Cependant, le public sportif congolais n’aura pas accès aux installations sportives compte tenu de la décision du huis clos prise, vendredi 14 août, par le conseil des ministres. Donc, le huis clos est imposé à l’organisation des compétitions et des tests au Covid-19 obligatoires pour les athlètes avant toute compétition.

“Le huis clos sera de stricte observance dans l’organisation des compétitions sportives; des tests au COVID-19 resteront obligatoires pour les sportifs”, a prévenu le gouvernement.

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Si la levée de la mesure d’urgence impliquant la réouverture des installations sportives a été une bonne nouvelle pour les sportifs, le huis clos conditionné pour l’organisation des compétitions quant à lui, laisse perplexe le monde sportif congolais.

Ainsi, on s’interroge sur la véritable motivation de cette mesure qui semble osciller entre prévention, mimétisme et discrimination.

De la prévention

Protéger sa population face à un danger est l’un des rôles régaliens reconnus à chaque Etat. La pandémie de Covid-19 s’étant présentée au monde entier comme une menace, l’État congolais a pris, à raison, des précautions pour éviter le pire à ses citoyens face à une maladie qui a su défier les grandes économies malgré leurs avancées en infrastructures sanitaires.

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La décision de suspendre les activités sportives intervenue au mois de mars dernier, et celle de leur reprise sans public avec obligation de diagnostiquer les sportifs en prévision de chaque compétition, en vue de s’assurer qu’ils sont négatifs au Covid-19, rentre dans le cadre de la prévention.

Problème : quand on fait un lien avec les mesures édictées pour accompagner la levée de l’État d’urgence sanitaire dans d’autres secteurs de la vie nationale, on se rend vite compte que le traitement réservé au monde sportif est déséquilibré.

Du caractère discriminatoire de la décision

L’imposition d’un huis clos à l’organisation des compétitions sportives revêt un caractère sélectif et discriminatoire vis-à-vis de l’approche comparative de la situation vécue dans d’autres domaines qui réunissent également du monde.

Comment ne pas considérer que les sports font l’objet de la discrimination, mieux de la marginalisation quand on sait que les discothèques et les églises qui organisent leurs activités dans des espaces plus ou moins réduits que les cadres accueillant les activités sportives, mais curieusement, ils ont obtenu, du gouvernement, le quitus d’ouvrir ce, malgré l’étroitesse de leurs espaces.

En effet, les lieux des cultes, les salles des spectacles et les discothèques ont repris comme par le passé. L’observance des prescrits des autorités sanitaires et le respect de la distanciation physique d’au moins un mètre, demeurent un grand défi qu’il convient de relever pour éviter la résurgence à grande échelle de la pandémie de covid-19.

S’agissant des activités liées aux sports, les explications fournies, lundi 17 août aux responsables des fédérations sportives, par le ministre de tutelle, Amos Mbayo Kitenge ont été peu convaincantes pour justifier le fait que seul ce secteur, devrait subir un traitement visiblement sévère malgré le souci de protection.

«… la maladie existe. Nous, en tant que dirigeants sportifs, nous avons l’obligation de respecter les mesures barrières et de les faire respecter dans nos entites sportives et autres entraînements que nous dirigeons. Nous allons reprendre avec les activites sportives, mais à huis clos parce qu’avec la mentalité des supporteurs, il faut éviter le pire. Nous, en tant que sportifs, nous devons faire de notre mieux pour être épargnés de cette maladie. J’insiste même lors de nos entrainements, nous devons veiller sur le respect des mesures barrières», a-t-il déclaré.

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Eu égard à cette prise de position, il y a lieu de s’interroger sur la véritable différence entre le public sportif congolais et celui qui est autorisé à fréquenter les discothèques, les églises, les marchés et bien d’autres milieux publics.

Le risque de contamination au Covid-19 dépend-il au juste de quel facteur ? Pourquoi les sportifs à qui on empêche d’assister aux compétitions peuvent alors prendre part aux cultes et spectacles dans les salles plus exiguës que les espaces où se déroulent les compétitions sportives?

Du mimétisme

Au delà de deux hypothèses évoquées ci-dessus, celle relative au mimétisme n’est pas à écarter. Imiter les bons exemples, est un acte encouragent puisque doué de sens. Néanmoins, cette imitation peut paraître peu productive si elle devient servile et non adaptée au contexte. D’aucuns estiment à propos que la décision de faire jouer les compétitions sportives à huis clos est en inadéquation avec les réalités congolaises et surtout les problèmes financiers qui rongent les sports congolais en cette période.

Certes, face à la menace du nouveau coronavirus, l’anticipation et la vigilance sont des attitudes responsables. A l’inverse, il est impérieux de concilier le devoir de protection et le besoin de survie des sportifs. Sachant que les principales sources de revenus de nos clubs sont la vente des joueurs et la billetterie, cette mesure imposant le huis clos, portera, sans nul doute, un coup dur à différentes formations qui ont déjà des problèmes financiers.

Si dans le vieux continent, le huis clos décrété aux compétitions sportives semble bien marcher, cela ne sera pas le cas en RDC où la plupart des disciplines sportives organisent leurs compétitions sans sponsors. La décision du huis clos intervient au moment où une certaine dynamique se met progressivement en place, en vue de mobiliser plus de moyens financiers en faveur des sports.

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Plusieurs formations caressent le rêve de voir leurs budgets respectifs augmenter cette saison. A côté, d’autres initiatives privées se multiplient pour aider les sports à se prendre en charge financièrement en attendant l’intervention de l’État via la mise en place du fonds national pour la promotion des sports.

Il est plus que temps pour le monde sportif de rédiger un protocole à soumettre à la cellule de riposte contre la pandémie de Covid-19, afin de donner la possibilité au public de vivre les spectacles. Il est possible de délimiter l’accès des personnes en fonction de la capacité d’accueil des installations sportives, afin de respecter la distanciation sociale. Passer outre cette alternative, serait éloigné les potentiels partenaires sachant que toutes les fédérations ne seront pas en mesure de négocier la couverture médiatique en direct de leurs compétitions.

Charles Masudi

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