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[Tribune ]-Massacre de Kasika : 22 ans plus tard, vent debout contre le négationnisme !

publié le 26 août 2020 à 19:22:29

L’indignation était au rendez-vous en début de semaine et pour cause : l’ambassadeur du Rwanda en République démocratique du Congo, s’écartant du devoir de réserve qui sied à un diplomate de son rang, a jeté un pavé dans la marre et irrité les internautes congolais par des proclamations négationnistes d’abord assumées puis retirées petitement de la circulation suite à l’ampleur du tollé.

Ce natif de Walikale dans le Nord-Kivu qui a fait ses études à l’Université de Lubumbashi, avant de devenir Ministre puis ambassadeur du Rwanda en Afrique du Sud, a pris son poste d’ambassadeur à Kinshasa en 2019 à l’occasion du réchauffement des relations entre le Rwanda et la République démocratique du Congo.

La méfiance ne s’est jamais dissipée. Les relations loin d’être au beau fixe, se font à nouveau parasiter par le zèle d’un ambassadeur qui, en terre congolaise, fait le commerce du déni pour le drame humain survenu 22 ans plutôt à Kasika dans le Sud-Kivu. Ce massacre toujours présent à l’esprit de ceux qui l’ont vécu, est documenté dans le Rapport Mapping qui dresse un inventaire détaillé des violations les plus extrêmes des droits de l’Homme et du droit international humanitaire commises en République démocratique du Congo, entre 1993 et 2003. À sa page 191, est écrit :

“Le 24 août 1998, des militaires de l’ANC/APR ont massacré plus d’un millier de civils, dont de nombreuses femmes ainsi que des enfants et des bébés dans les villages de Kilungutwe, Kalama et Kasika, dans le territoire de Mwenga, à 108 Km de Bukavu. Avant d’être tuées, la plupart des femmes ont été violées, torturées et ont subi la mutilation de leurs organes génitaux. Ce massacre a été organisé en représailles à la suite de la mort, le 23 août, d’une vingtaine d’officiers de l’ANC/APR dans une embuscade tendue par des Mayi-Mayi sur la route reliant Bukavu à Kindu. De nombreux corps d’enfants et de bébés ont été jetés dans les latrines. Avant de partir, les militaires ont pillé les trois villages et incendié de nombreuses habitations”.

C’est une accusation “sans évidence”, une “calomnie”; ce sont des “villages sans noms”, il n’y a que “deux noms” des victimes, s’évertue à dire Vincent Karega, en quelques tweets à présent supprimés mais dont le génie d’internet a conservé des traces solides à l’aide des captures d’écran. Ceux-ci servent de pièces à conviction quant à la petite idée qu’il se fait de la valeur de la vie des Congolais, y compris quand ceux-ci lui font l’honneur d’être en RDC et d’y officier en qualité d’ambassadeur. L’outrecuidance est poussée à l’extrême quand tout cela n’est que “banalités incohérentes” pour lesquelles il se dit être “désolé”!

Ces bavardages exubérants de zélateur rompu à la propagande d’État abîment encore plus le contexte déjà tendu, comme ils interviennent à la suite des menaces dirigées à l’endroit du Prix Nobel de la Paix Denis Mukwege, pour avoir tiré la sonnette d’alarme sur des récentes violences du même type que ceux documentés dans le Rapport Mapping. Le script, faisant fi du temps qui passe, a conservé les mêmes caractéristiques, les mêmes acteurs et/ou commanditaires, et les mêmes victimes. C’est encore Mukwege qui déclarait sur son compte Twitter : “En ce triste jour de commémoration du massacre de Kasika au Sud-Kivu, nous honorons la mémoire des victimes et de leur famille et réclamons que justice soit rendue!”.

C’est pour la Justice que chaque 02 août, des Congolais de par le monde s’emploient à commémorer le Génocide au Congo, lequel souffre encore paradoxalement d’une indifférence caractérisée au niveau régional et plus largement à l’international. Le Genocost, comme on nomme l’évènement annuel initié par des citoyens, pèse le coût du Génocide au Congo, dont les faits sont répertoriés dans le Rapport Mapping jusqu’à ce jour impunis.

La question de la Justice travaille toute la société Congolaise au point qu’aucune négation du passé, non réparé, ne saurait être escamotée au profit d’un réchauffement diplomatique dont l’une des parties prenantes cache mal son mépris pour la mémoire des Congolais. Par le biais de son ambassadeur et de ses fervents relais médiatiques, elle s’emploie à effacer les Congolais, hommes, femmes et enfants, dont les noms remplissent le catalogue hideux des crimes lamentables perpétrés dans le conflit le plus sanglant depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.

Le négationnisme à la sauce de Kigali ne doit bénéficier d’aucune complaisance. Il faut opposer un discours de fermeté et une intransigeance implacable aux personnes dont les actions et les paroles viennent gâcher le rendez-vous pris entre l’histoire et la mémoire congolaise.

La conscience congolaise n’est pas morte. Ponctuellement et désormais, elle se manifeste au rendez-vous de la vérité, elle dépoussière le monument du souvenir et redonne de la lumière aux vies fauchées. Elle ne jure que par l’avènement d’une Justice qui a longtemps fait défaut.

La suite à réserver à la dérive diplomatique sur les faits de Kasika doit donner une ère de valorisation de la vie congolaise et d’affirmation de la dignité nationale, et être un contrepied à l’assaut des vandales de la mémoire qui se ruent sur les vérités historiques pour faire disparaître les faits dans l’acidité de leurs théories propagandistes et de leurs dogmes. Les Congolais ne demandent plus que le renvoi de l’ambassadeur du Rwanda. C’est l’idéal de Justice et de réhabilitation de la mémoire qui est une fois de plus mis à l’épreuve.

Simeon Nkola Matamba (Analyste)

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