Le phénomène des embouteillages à Kinshasa est révélateur quand on sait l’interpréter à une autre dimension. Il est le reflet sur le plan physique d’une mentalité réalité mentale qui perturbe notre peuple : tout le monde veut être servi, le premier, et au besoin en écrasant les autres, même gratuitement. Cette mentalité se projette dans le monde politique, mais pas que, comme le démontre la cacophonie de la société civile pour le contrôle de la CENI.
Depuis que Félix Tshisekedi a renvoyé la présidente du l’Assemblee nationale, Jeannine Mabunda revoir sa copie, avec la tentative manquée d’introniser Ronsard Malonda à la tête de la CENI, la ruée vers l’or n’a rien à envier à l’épopée américaine du Far West.
Les confessions religieuses, qui ont joué un rôle important dans les trois dernières élections, ont pris goût à l’argent et au pouvoir et ne veulent plus lâcher le morceau. Elles sont en guerre ouverte entre elles pour décrocher le pactole pour la quatrième fois. Le reste de la société civile, lassé du d’un dictat religieux qui ne dit pas son nom, sonne la révolte : Pourquoi l’église et pas nous, dans un État proclamé laïc ? Mais dans ce reste, c’est pas moins d’une dizaine de regroupements qui se battent, qui décrocher le convoité poste de président de la CENI, qui pour la réforme de la loi électorale en général.
Se battre, c’est bien, ça démontre la vitalité d’une démocratie dira-t-on, mais qui va trancher ? Le dernier arrivé sur la scène, le groupe de 13 personnalités appelle à un consensus sur la question, mais comment être naïf et croire que c’est aujourd’hui que les Congolais vont se convertir si facilement aux vertus du consensus ? Il faut abandonner cette option ; elle est condamnée d’avance. Il faut chercher autre chose, en commençant par se poser les bonnes questions, yeux grand ouverts.
Dans l’état actuel de la mentalité dominante au Congo, tant qu’on ne dissociera pas explicitement l’intérêt individuel de l’intérêt général, une sorte de délit d’initié péchera toujours contre le principe de justice. Il faut appliquer ici le principe de la séparation des pouvoirs: celui qui conçoit la solution ne doit pas être ni gestionnaire ni bénéficiaire direct de celle-ci.
Tous ces croisés de la CENI veulent en réalité bouffer, comme les politiciens. Il faudrait donc disposer que nul ne doit s’attendre à ce que sa participation aux travaux lui ouvre le chemin vers la mangeoire. En langage clair : le président de la CENI ne viendra pas de là.
Deuxièmement, il ne faut rien demander au Président de la République ; la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a, et ce que le Président a, il l’a déjà donné, à savoir : il ne va pas cautionner les tricheries. C’est au parlement de faire son travail. Comment l’y amener avec des députés schtroumpf-grognons et tire-au-flanc ?
La problématique se résume à ces deux questions : 1) Il ne doit y avoir aucun avantage personnel du fait de participer à la recherche de la solution et
2) amener les députés à ce pourquoi ils ont demandé des augmentations, c.-à-d. leur travail, et à bien le faire.
Voici le problème revisité. Montrez que vous êtes intellectuellement adultes, et démontrez votre « adultère » en nous envoyant vos solutions dans un délai d’une semaine.
Serge GONTCHO (Analyste)