Nous avons appris la suspension du forum du professeur Bob Kabamba de l’Université de Liège pour trouver le consensus sur la question électorale, deux jours après son lancement. Que faut-il en penser ?

Lorsque nous annoncions soutenir cette initiative, il y a deux jours, certains se sont mépris sur notre motivation, nous accusant de suppôt de l’impérialisme. Ceux qui prennent de la perspective de nos réflexions de ces dernières semaines se rendront compte cependant que nous avons soutenu de la même manière la rue qui a grondé contre la tentative d’imposer Ronsard Malonda, la contestation contre les privilèges accordés aux confessions religieuses seules de choisir le président de la CENI, l’initiative des 11-12-13 pour un consensus sur les réformes électorales, la campagne des organisations de la société civile, notamment le Cadre de Concertation de Patient Bashombe pour le même objet, ainsi que les déclarations de candidatures pour la présidence de la CENI des particuliers Christopher Ngoy, Rety Hamuli ou Jérôme Bonso.

Sans se faire l’avocat de Bob Kabamba, soyons honnêtes pour reconnaître que sa note d’orientation est responsable et scientifiquement valide. Il a peut-être péché en n’en discutant pas au préalable avec les parties prenantes. Mais pour le reste, il n’a pris aucune décision ; c’est aux Congolais, politiciens et acteurs de la société civile de le faire. Ils auraient même dû prendre eux-mêmes une telle initiative. Le constat à tirer de cette série de tâtonnements sur les questions électorales est que les Congolais, nous nous comportons comme des enfants, inconscients et irresponsables, toujours et toujours incapables de nous asseoir entre nous pour trouver des solutions à nos problèmes.

Les forums congolais prennent des années, n’aboutissent à rien, et sont surtout des «coops» pour percevoir des per diem et se mettre à table pour un possible partage de gâteau. Voilà le FCC et CACH sonner dans une pathétique harmonie les trompettes du patriotisme, mais quand il est question de gérer le pays, de renforcer l’armée, de construire l’état de droit, pourquoi les démons de l’égoïsme sortent-ils les cornes et les queues ?

Va-t-on laisser le pays dériver à vau-l’eau sous prétexte de démocratie ? Quand les citoyens montrent que la démocratie est un luxe pour eux, il revient au chef, c.-à-d à Fatshi, de prendre le risque salutaire d’un despotisme éclairé. Ce que Fatshi n’a pas intérêt à ignorer, c’est que toutes ces personnes qui envahissent l’espace démocratique pour n’en rien faire, seront les premières à l’accuser, lui et personne d’autre, de tentative de glissement, c’est pas si loin que ça.

Serge GONTCHO