Des images insoutenables. Des corps inanimés des militants baignés dans le sang. L’horreur de la répression de la marche du 16 septembre 2016 a choqué. La date reste pourtant mémorable au Mouvement Lumumbiste progressiste où les martyrs de l’alternance sont célébrés en héros. Le 16 septembre 2020, la manifestation a été tout un symbole.

Devant des milliers de militants et invités de marque réunis au siège du MLP sur l’avenue de l’Enseignement à Kinshasa, Franck Diongo a raconté cet épisode douloureux de son combat politique. Un véritable drame.

Ce jour-là, explique-t-il, la procession du MLP s’était brutalement arrêtée au niveau du Lycée Sevigné dans la commune de Bandalungwa, avant de reprendre jusqu’au point de chute de la marche. Des rafales des militaires avaient visé la caravane de Diongo. De nombreux morts et blessés avaient été enregistrés parmi les manifestants.

Malgré cette tragédie, l’ancien opposant de Kabila avait continué à parader avec ses troupes jusqu’au Boulevard Triomphal. Pour Diongo, son parti avait perdu 31 valéreux combattants.

“12 de 31 victimes ont été identifiées, 19 sont sans traces jusqu’aujourd’hui et 5 rescapés sont là”, a-t-il déclaré.

Pire que tout, la mairie s’était même permise de corrompre les familles de victimes avec 5.000 dollars pour que le MLP ne rende pas les derniers hommages mérités à ses combattants. Un bras de fer s’était engagé avec le radical Diongo. Heureusement que cette tentative de déposséder le MLP de dépouilles de ses combattants avait échoué. Les familles éplorées avaient elles-mêmes décidé de ramener les corps au siège du MLP sur l’avenue de l’Enseignement où des obsèques dignes avaient été organisées.

A ce bilan macabre, il faut ajouter le plasticage de plusieurs sièges des partis politiques de l’opposition dont celui du MLP. Les meubles et matériels informatiques avaient été saccagés puis calcinés, ajoute Jean-René Lohata, le président du comité intérimaire du parti.

A haute voix, Diongo a rappelé que 4 ans après, son parti célèbre toujours la bravoure, le courage et la détermination de ces héros face à la barbarie de l’ancien régime.

Les larmes de Diongo

Des survivants de cette cruauté humaine étaient aussi présents. Ils ont salué la foule dans une clameur assourdissante.

Mais aussi, les membres des familles de quelques victimes. Il s’agit des martyrs Arthur Nkiye, Papy Tshiswaka, président des étudiants de l’IBTP, Eziki Masasu Tony, étudiant à l’UPN ainsi que Kabasu Kiala.

Le leader du MLP n’a pas retenu ses larmes. Diongo a été submergé par l’émotion surtout en revoyant les visages de ces héros lors de la projection du film documentaire “Hommage aux Martyrs de la démocratie” réalisé par le journaliste Peter Tiani du magazine Le Vrai Journal.

Non au retour de Kabila

D’un ton ferme, le président du MLP, Franck Diongo a été trop tranchant. Pas de retour de Kabila au pouvoir, ni non plus sa famille politique en 2023. Il a demandé aux congolais qui se sont battus pour le changement, de préserver les acquis de l’alternance.

“Notre combat, c’est un combat de la bonne gouvernance, de la démocratie et de l’État de droit. Bref, nous disons le Peuple d’abord. Quand nous avions rédigé la constitution, on avait dit deux mandats, c’est fini. Mais Kabila a persisté en cherchant un troisième mandat. Et le 16 septembre, Tshisekedi père, le chef de file de l’opposition avait donné un carton rouge à M. Kabila. Le 19 septembre à l’appel du même Tshisekedi, la population est descendue dans la rue mais malheureusement elle a été sauvagement massacrée par les forces du mal”, a-t-il précisé.

Avec Tshisekedi fils, il faut empêcher l’oligarchie Kabiliste de revenir au devant de la scène, insiste Diongo.

“Le retour de Kabila et ses hommes signifie le retour de la corruption, de la fraude, de détournement de fonds mais surtout ça sera la fin de l’État de droit, de la démocratie, de la bonne gouvernance et de la Justice au service du peuple”, a martelé Diongo.

Mbata et Mukebayi enfoncent le camp Kabila

Deux de plusieurs invités ont pris parole. D’abord, l’opposant Mike Mukebayi a appelé le peuple congolais à se tenir debout pour dire non à Malonda, aux lois Minaku-Sakata sur la réforme de la justice et surtout cette fourbe idée d’organiser la présidentielle au scrutin indirect.

Ensuite, le professeur constitutionnaliste André Mbata a dénoncé les tambourineurs qui somnolent encore pensant que Joseph Kabila peut un jour revenir au pouvoir. Pour l’élu Udps, lui-même ( Kabila ) est conscient qu’il ne va pas rentrer sauf les ménauposés politiques et juristes qui le poussent au suicide.

“Pourquoi forcer Joseph Kabila à revenir. Ils sont incapables de se trouver un autre candidat. S’ils n’ont pas de candidat ou ils sont incapables de se trouver un, qu’ils soutiennent alors Félix Tshisekedi”, a-t-il ironisé.

Cependant, M. Mbata a fait savoir que cette victoire de l’alternance est encore incomplète. Elle ne sera complète que si les conditions de vie de la population changent.

Il faut dire que bien que partis avant, le secrétaire général de l’Udps, Augustin Kabuya et l’évêque Pascal Mukuna du Mouvement “Citoyens pour l’éveil patriotique” étaient présents au siège du MLP encourager “le héros vivant”, Franck Diongo.

Landry Amisi