Le professeur Henri Kalama Akulez, directeur général de l’Académie des Beaux-Arts soutient la création de plusieurs sociétés de gestion des droits d’auteurs. Il l’a dit lors d’une conférence sur la problématique des droits d’auteurs tenue, il y a peu à Kinshasa, à l’occasion de la Journée africaine des droits d’auteurs.
Professeur et artiste peintre de renom, Henri Kalama a, dans son intervention présenté, la situation précaire des artistes congolais, le bien-fondé de la libéralisation du secteur des droits d’auteurs et voisins et enfin le choix de son institution pour lancer la réflexion.
Un pas vers la libéralisation
Pour Henri Kalama, cette journée d’information sur les droits d’auteurs, constitue une aubaine pour les créateurs des œuvres de l’esprit. Il faut libéraliser le secteur à l’instar de l’électricité et les assurances.
«La possibilité d’une multiplicité de sociétés de gestion des droits d’auteurs, c’est repenser les mécanismes de collecte et les critères de répartition de ces droits. C’est jauger la structure de ces sociétés en termes de réponses qu’elles offrent à ses adhérents en quête de la protection de leur propriété artistique et intellectuelle. C’est également ouvrir ce secteur à une concurrence loyale, à une gouvernance transparente susceptibles de pousser les sociétés des droits d’auteurs à une recherche de qualité et d’excellence dans leur organisation», a indiqué le professeur Kalama.
Le débat sur les droits d’auteurs en RDC introduit les créateurs et les organisations dans un élan de démocratisation de ce secteur. «Désormais, comme dans beaucoup d’autres pays d’Afrique et du monde, les auteurs, les artistes, les producteurs et les autres titulaires congolais des droits pourront s’affilier à une société de gestion collective de leur choix. Ils donneront le mandat à celle-ci et lui autoriseront de gérer leurs droits», a expliqué Henri Kalama.
L’orateur estime que pour atteindre les résultats escomptés, cette Journée africaine des droits d’auteur doit être une occasion propice de sensibilisation et de formation de l’opinion nationale sur l’importance d’une coordination efficace du droit d’auteur afin d’assurer la substance des créateurs et stimuler la croissance économique. «Cette journée doit donc être un plaidoyer auprès des opérateurs politiques et économiques ainsi qu’auprès de nos populations sur le droit de rémunération des auteurs pour l’exploitation de leurs œuvres», a-t-il expliqué.
Constat amer
A la lumière de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, « chacun a droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production scientifique, littéraire ou artistique dont il est l’auteur ». Le professeur Henri Kalama constate qu’en RDC, il est encore difficile de vivre de son œuvre. «Cette situation s’accentue encore davantage quand les artistes se retrouvent dans les situations d’inactivité dues à l’âge ou à la maladie. Combien de fois, il est pratiquement impossible aux artistes d’avoir accès aux soins de santé appropriés sans recourir à quelques personnes de bonne volonté ? Combien de fois, pour enterrer un artiste dont la carrière est remplie d’œuvres monumentales, nous devions mendier pour organiser des obsèques ?», d’interroge l’orateur. En outre, il fait savoir que les créations artistiques et intellectuelles participent à la croissance économique et culturelle de nos sociétés. «De ce fait, vivre de nos œuvres de l’esprit est un droit qui devrait nous faire sortir de la mendicité afin de vivre dignement de notre travail», a souligné Henri Kalama.
L’ABA, un vivier culturel
Des orateurs, des étudiants, des artistes et des opérateurs culturels ont cogité sur l’avenir des droits d’auteurs en RDC. Le choix du lieu est symbolique car l’académie a formé plusieurs artistes.
D’après Henri Kalama, ce cadre joué un rôle très important dans la reconnaissance du statut de l’artiste auprès de la population congolaise. «80 % des artistes congolais plasticiens et graphistes de renommée nationale et internationale proviennent de notre institution. Dans le domaine des arts visuels, notre institution demeure un carrefour d’artistes modernes et contemporains en RDC», a souligné Henri Kamzna.
L’orateur a exprimé sa gratitude aux animateurs de l’administration des droits d’auteurs.
Saint Hervé M’Buy