La ville de Beni au Nord-Kivu est devenue le sanctuaire des rebelles ougandais de l’ADF. Depuis des années, cette région fait face à une insécurité sans précédent. Des hommes, femmes et enfants sont tués à longueur des journées.
Face à l’activisme des éléments ADF, des voix ne cessent de s’élever pour dénoncer les massacres à répétition et aussi proposer des pistes de solutions pour faire régner la paix dans cette partie du pays.
L’Evêque de l’Eglise Anglicane, Mgr Muhindo Isesomo n’est pas resté de marbre face à cette situation dramatique.
L’homme de Dieu a énoncé quelques propositions pour sauver la ville et le territoire de Beni sous l’emprise depuis des années de la rébellion ougandaise de l’ADF (Alliance des forces démocratiques).
En effet, Mgr Muhindo estime que pour mettre un terme aux massacres presque quotidiens des civils attribués aux rebelles ADF, il faut interdire le commerce de cacao, intégrer les originaires de la région de Beni dans le cercle rapproché du chef de l’État, et aussi procéder à la mutation de tous les militaires ayant passé suffisamment de temps engagé dans la traque de l’ennemi.
Pour Mgr Isesomo, le commerce du cacao contribuerait de manière efficace au trafic des armes individuelles.
S’agissant de l’intégration des originaires de Beni dans le cercle rapproché du président de la République, le prélat anglican pense que ceux-ci auraient comme mission de rappeler chaque fois au président de la République sur ce qui se passe dans l’entité.
Concernant la mutation des militaires ayant passé plus de temps dans l’opération de traque des rebelles ougandais, il pense que ces derniers sont beaucoup plus dans les affaires commerciales que de défendre le territoire.
“Je pense qu’on peut demander à l’État congolais de montrer la vraie volonté d’en découdre vraiment avec ces tueurs. J’ai quelques propositions, je pense qu’il faut relever les troupes qui ont fait longtemps dans la région. Aussi, il faudrait que le gouvernement puisse identifier en dévoilant les acteurs directs et indirects partout où ils se cacheraient pour diminuer leur capacité de nuisance, une fois connue de tous. Autre chose, c’est circonscrire les opérations militaires de grande envergure dans le temps et si possible je souhaiterais qu’on puisse suspendre momentanément le commerce du cacao dans la zone opérationnelle puisque selon les témoignages de certains, il semble être un enjeu majeur dans la question sécuritaire de Beni en ce sens qu’il fait circuler beaucoup d’argent dans cette zone et surtout entre les mains des ennemis pour accroître leur capacité de nuisance. Il faudrait aussi ajouter les fils et les filles de la région dans le cercle rapproché du chef de l’État pour lui présenter, chaque fois, en temps réel, l’évolution de la situation sur le terrain”, a fait savoir Mr Muhindo Isesomo à Ouraganfm.cd.
Par ailleurs, l’homme de Dieu a alerté sur la difficulté pour l’Eglise de mener correctement ses activités dans les agglomérations où les terroristes ADF demeurent encore actifs avec comme conséquence le déplacement massif des civils et le blocage des activités socioéconomiques.
“La situation sécuritaire ici dans l’Est de la République démocratique du Congo est très alarmante et aussi très dramatique. Il est difficile à l’Eglise d’accomplir sa mission pendant qu’il y a des tueries du jour au lendemain. Toute la province du Nord-Kivu et plus particulièrement la ville et le territoire de Beni, les gens meurent sans que personne n’en parle. Je dirais comme conséquence, nous avons beaucoup de déplacés de guerre, de veuves, d’orphelins. Il y a également le blocage de toutes les activités champêtres, scolaires, commerciales voir même les activités religieuses”, a-t-il conclu.
Soulignons que les propositions de Mgr Muhindo Isesomo s’ajoutent sur une série d’autres déjà évoquées par la classe sociopolitique congolaise. C’est entre autres le dialogue avec l’ADF, le renforcement des effectifs, logistiques militaires et plusieurs autres.
Philémon Kachelewa