Le Réseau provincial des organisations non gouvernementales des Droits de l’homme (REPRODHOC) tire la sonnette d’alarme au sujet de la création des groupes d’autodéfense composés de jeunes de différents quarties de la ville de Kananga, dans le but de faire face à l’insécurité grandissante et persistante qui prend corps au chef-lieu du Kasaï Central.
L’organisation rappelle aux autorités que la protection des personnes et de leurs biens est une mission qui revient traditionnellement à l’État.
“C’est une faillite des autorités qui nous gouvernent car ce n’est pas normal de voir les dirigeants qui sont censés nous sécuriser, laisser la situation pourrir. En plus, ils ne font rien alors que la population mérite protection de leur part. Quand cette dernière commence à le faire, c’est une vraie démission de l’État”, note le Reprodhoc.
D’après Arthur Padinganyi, le secrétaire exécutif de Reprodhoc au Kasaï Central, étant donné que les bandits sont bien armés, il est incompréhensible que ces jeunes non armés se mettent nuitamment aux trousses des assaillants à mains armées. C’est du suicide”, hurle l’activiste des droits de l’homme, qui demande aux autorités locales de s’assumer et de jouer pleinement leur rôle afin de traquer tous les auteurs de la criminalité urbaine à Kananga. Et d’insister que : “nous ne pouvons pas accepter que la population qui pouvait bénéficier de la protection de l’État, puisse se prendre en charge, quelques soient les circonstances”.
M. Padinganyi Arthur s’inspirant de l’expérience vécue dans le passé, a démontré le danger de cette pratique d’auto-prise en charge de la population juvénile qui, pensant vouloir se sécuriser, s’expose dangereusement au même moment. Il dit se souvenir qu’un jeune homme résidant au quartier Dikongayi dans la commune agro-pastorale de Lukonga avait reçu l’année dernière une balle des bandits lors d’une patrouille nocturne qu’il effectuait avec ses amis. Et aujourd’hui, explique-t-il, il s’en est sorti avec une jambe amputée, devenant du coup, personne vivant avec handicap, fait-il remarquer.
Face au regain du banditisme urbain et au silence coupable des autorités locales à mettre à ce phénomène, les jeunes se sont mués en groupe d’autodéfense, dans plusieurs quartiers de Kananga, afin de barrer la route aux criminels.
Désormais, les jeunes font des patrouilles nocturnes. Ils tambourrinent et alertent par des cris pour prévenir tous les habitants de leurs quartiers. Un message fort lancé à tous ces malfaiteurs mais aussi une manière claire de les dissuader, en leur disant que “Kananga est un havre de paix”.
Basile Muya