La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a fixé l’opinion sur la campagne d’intoxication dont l’Eglise catholique est victime dans les réseaux sociaux au sujet des écoles détenant des faux arrêtés.
Au cours de la conférence de presse animée mercredi à Kinshasa par son secrétaire général, l’abbé Donatien Nshole, la CENCO a appelé les autorités gouvernementales à la prudence.
Le patron de l’administration de la CENCO a insisté sur le fait que la décision de désactiver dans le système de paiement 612 écoles conventionnées catholiques au motif qu’elles détiennent de faux arrêtés du ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et Technique ( EPST) contient des erreurs qu’il convient de corriger, pour la paix sociale.
La CENCO se dit favorable à “l’idée de rétablir l’ordre dans le secteur éducatif en mettant fin à la circulation de faux documents et la création anarchique des écoles et elle est disponible d’offrir son expertise à cette fin”.
Certaines écoles sanctionnées datent de époque coloniale
Tout en regrettant de n’avoir pas été associée à cette démarche du secrétariat général à l’Enseignement primaire, secondaire et ptechnique qui, du reste, affecte plus de 6000 enseignants des écoles concernées, l’épiscopat renseigne que les écoles catholiques répertoriées comme fonctionnant avec des faux arrêtés, ne le sont pas toutes.
“…nous relevons le fait que plusieurs sont de très anciennes écoles créées depuis la deuxième République voire depuis l’époque coloniale”, a souligné l’abbé Nshole.
Pour illustrer cette déclaration, le prélat a évoqué certaines d’entre les écoles affectées par cette mesure sans raison. Il s’agit notamment des écoles primaires (EP) “Kabisoko et Kitamulikwa dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu) qui sont issues de la scission de l’EP Lulenga de l’époque coloniale, et auxquelles on a donné des faux arrêtés en 1993, il y a donc 28 ans”.
Dans la province de Lomami, l’EP Munandji, dans le territoire de Kanintshin, créée en 1942 a obtenu un arrêté en 2002 suite au changement de structure. Au Kwango, l’EP Siamina Kilaku, dans le territoire de Kasongo-Lunda, créée avant indépendance mais à laquelle on a donné un arrêté en 2005.
Dans la province du Kwilu, le collège Kiniati, dans le territoire de Masi-Manimba créé dans les années 60 auquel on a donné deux arrêtés en 2012 et en 2013 suite au changement de structures dû au développement de l’école.
De ce qui précède, la CENCO soutient qu’il ne s’agit donc pas des écoles fictives. Elles fonctionnent normalement, en se faisant contrôler par les inspecteurs et par les services du SECOPE chaque année depuis leur création. Elles présentent des élèves aux épreuves de fin de cycle.
La CENCO recommande une vérification en vue d’établir les responsabilités
“L’on perçoit ainsi l’urgence d’un travail de vérification beaucoup plus approfondie qui demande énormément du temps nécessaire afin d’établir les responsabilités de ces faux arrêtés. Tout comme il y a nécessité de régulariser les écoles victimes de ce système et de nettoyer le fichier du personnel”, a insisté l’abbé Nshole.
Au regard de conséquences qui découlent de cette mesure prise par les autorités compétentes, la CENCO demande sa levée en attendant de faire la lumière sur la question et éviter de facto le chômage des élèves.
“En attendant la finalisation de cet important travail, la CENCO prie les autorités compétentes de surseoir à cette décision de désactiver des listes de paie les écoles qui remplissent les critères requis de viabilité afin de garantir le droit à l’éducation des élèves et le salaire des enseignants qui y travaillent”, -t-il conclu.
La coordination des écoles catholiques a reçu le 30 mars dernier, une correspondance du secrétaire général à l’EPST datant du 26 mars 2021, qui annonçait la désactivation de listes de paie de plus de 600 écoles conventionnées catholiques pour cause de faux arrêtés leur octroyés par le ministère de tutelle. Il s’en est suivi une campagne de sape de l’Eglise catholique auprès de l’opinion. Cette mise au point de la CENCO aura le mérite de couper court à cette intoxication.
Charles Masudi