L’artiste congolais Jupiter Bokondji et son groupe Okwess sont de retour sur les bacs avec leur troisième album dénommé “Na Konzonga” (ndlr: Je vais rentrer). 

Le “général rebelle”, comme il aime bien s’appeler, Jupiter vient de lancer cet opus après “Hôtel Univers” et “Kin Sonic” après avoir entamé une tournée mondiale avec Okwess, son groupe de rock du Congo. 

Le général rebelle est donc chez lui, retenu sans nul doute ces derniers mois à Kinshasa à cause de la pandémie. Fils d’un ancien diplomate congolais, Jupiter Bokondji, surnommé aussi «prophète de la Soule kinoise», a passé une grande partie de sa jeunesse à Berlin, en Allemagne, lieu d’affectation de son père. 

Il a été influencé par la musique de Jamers Brown, David Bowie, les Jackson’s Five et les Rolling Stones. Il parvient alors son propre groupe de rock, Die Neger.

De retour au pays en 1980, il est séduit par la musique traditionnelle congolaise. Il est frappé par la richesse de la musique traditionnelle de son pays, la RDC provenant de plus de 450 ethnies. Il se met à les étudier à fond. Jupiter, l’anthropologue des sons enfouis dans la tradition congolaise. Élancé au regard vif et sévère, Jupiter Bokondji est le dernier leader du groupe Okwess dans sa version originelle. Il s’illustre en précurseur des nouveaux sons tirés du terroir. En véritable caïd de la banlieue de Kinshasa, vêtu d’une redingote militaire, il dirige une armée des jeunes artistes musiciens promoteurs.

En général rebelle, il se bat depuis 20 ans pour propager une révolution musicale qui a, à peine, pignon sur rue. Jupiter et son groupe Okwess International s’emploient à revisiter les rythmes et mélodies des 450 ethnies de la RDC. Son répertoire original est teinté de saveurs de la musique urbaine. L’artiste le soutient par des instruments de fabrication artisanale. 

Jupiter Bokondji est un vieux routier de la musique congolaise. Son parcours est en dents de scie. Il connaît des moments de célébrité et de traversée du désert. L’artiste crée en 1983 avec un groupe d’amis «Mbongo Folk» qui deviendra en 1995, «Okwess» avec Jean-Goubald Kalala, Otis, Bafa Mastaky. Et puis, l’artiste connaîtra un temps de galère. Chassé par son père car il voulait être musicien, Jupiter se fera un nom dans les veillées mortuaires. Il va animer des deuils sur fond de musique folklorique, particulièrement de son terroir. Bokondji est de l’ethnie Mongo du grand  Equateur (Nord de la RDC).

De son idole, Bob Marley, Jupiter va embrasser la musique Reggae au début des années 80. C’est en  1983 qu’il revient à ses amours, la musique traditionnelle avec une nouvelle structure, Okwess International en 2003. Il s’affiche désormais en seul leader et se fait entourer des jeunes gens soucieux de sauvegarder la musique ancestrale des ethnies congolaises.

Saint Hervé M’Buy