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Elections : de l’abbé Malumalu à Denis Kadima, un profond recul démocratique

En plein quatrième cycle électoral, il n’est pas compliqué de constater que la qualité des élections congolaises a considérablement baissée. A l’occasion du sixième anniversaire de la mort du premier expert électoral congolais, l’heure est au bilan de l’expertise et de la moisson démocratique.

Par Jeanric Umande

L’abbé appolinaire Malumalu, Daniel Ngoy Mulunda, Corneille Nangaa et Denis Kadima, les quatre présidents de la commission électorale depuis que la Constitution du 18 février 2006 avait été promulguée. La gouvernance électorale regresse et le chaos électoral est décrié à chaque quinquennat @Photo Droits tiers.

publié le 30 juin 2022 à 03:01:00

Dix-neuf ans après la mise en place de la commission électorale congolaise, ni l’expertise, ni la gouvernance démocratique n’ont franchi le pas de l’excellence. La CEI (commission électorale indépendante) devenue CENI ne produit plus d’élus légitimement défendables et les institutions issues des urnes perdent au jour le jour leur sacralité. L’institution de gestion des élections (CENI) écrase l’unique expertise disponible à force d’y inviter dictatorialement le jeu politique. L’indépendance institutionnelle s’effrite et le personnel électoral opte pour du lucrativement profitable.

Les élus de 2006 étaient globalement vrais

En interrogeant les députés, sénateurs, députés provinciaux et même les gouverneurs élus lors des scrutins de 2006, l’on constatera que chacun s’était raisonnement convaincu du poids de son score électoral par rapport à son encrage populaire. Même l’exercice fastidieux des contentieux électoraux fut une expérience pédagogique pour beaucoup qui apprenaient et vivaient les élections pour la toute première fois. Les élus étaient fiers de leur mission, heureux de représenter le souverain primaire et respectueux de l’administration électorale pour la qualité de son travail. Les rares cas de corruption déplorés étaient signalés lors des scrutins du second degré (élection des gouverneurs et vice-gouverneurs, et élection des sénateurs) où des arrangements politiques conclus dans des cabarets, bistrots et salons huppés avaient fini par trahir une certaine volonté populaire de changement par les urnes. Seulement voilà, dix-neuf ans après, tout ce que l’abbé Malumalu (d’heureuse mémoire) avait laissé comme patrimoine de notre système démocratique, patauge dans le clientélisme, le business et la politisation. À l’époque, plusieurs élus, cas du to-lekiste (conducteur de vélo Toleka), candidat député national à Kisangani, seules les voix comptaient. Alphonse Awenze Makiaba fut élu député national, sans avoir déboursé le moindre Likuta. Sans cadeaux de campagne ni support de visibilité, le candidat se rapprochait de ses camarades qui l’élirent massivement, eux et leurs familles. Une tenancière de bureautique à Kisangani, stupéfaite, constata que pour Awenze, ce sont les motards et to-lekistes qui eux-mêmes, se chargeaient de photocopier les photos du candidat. Il y avait un souci de propulser leur camarade de profession, leur porte-parole à la députation nationale. Un autre cas de l’exemplarité des élections législatives de 2006 fut démontrée dans la province de l’Équateur où un pygmée fut élu député provincial. Jérôme Bokele Bondenge, était le tout premier député pygmée élu au suffrage universel direct. Il en est même de plusieurs femmes qui s’étaient déclarées surprises d’avoir été élues.

2011, élections précipitées et catastrophiques

Tout est parti du choix risqué de l’animateur principal de la centrale électorale. Le pasteur Daniel Ngoy Mulunda Nyanga, théologien et ex-membre du PPRD qui n’était qu’un novice en matière électorale, bénéficia de l’importante mobilisation des fonds par le gouvernement pour tenir le délai record des scrutins. Mais cette prouesse n’était pas sans conséquence dans la détérioration de la qualité des élections et de ses résultats. Une corruption à grande échelle et un début inquiétant de falsification des données fut détectée et dénoncée. La Cour suprême de justice qui faisait office de la Cour constitutionnelle invalidera quelques non élus initialement proclamés par la CENI à la députation nationale parmi lesquels des membres de famille biologique du président de la CENI. Daniel Ngoy Mulunda venait de trahir le serment de l’impartialité et de la transparence des élections. La nature, le prestige, la fonction publique et la réputation de la CENI en patirent.

Les élections business de 2018

L’administration Nangaa n’a pas du tout redressé la situation du processus électoral. À part le clientélisme constaté dans la conduite des élections, ce cycle, le plus long de l’histoire des élections congolaises, aura drainé des antivaleurs de toutes les espèces. Candidatures monnayées, informations électorales tenues secrètes, corruption généralisée, trafic d’influence, détournements des fonds électoraux, business électoral etc. Des cas de réclamation des fonds payés sur des services non exécutés et une contestation infernale. Bref, tout a été fait pour déstructurer le processus et affaiblir le système démocratique du pays. C’est en 2018 qu’il a été fait état de l’existence des “députés non élus mais proclamés par la CENI”. Ce qui a fait dire à Denis Kadima en mai dernier : “Il n’y aura plus des députés nommés”.

2023, Kadima accumule contestations et rejets

Si personne ne croit en l’actuelle administration électorale, c’est surtout à cause des prémices de son investiture contestée. Désigné, investi et fonctionnant sous les feux de la contestation, le président de la CENI s’y conforte et s’y plait. Les premiers actes de gestion de l’équipe Kadima n’ont pas convaincu. Ni la grande majorité de l’Union sacrée, moins encore l’opposition. D’ailleurs, Ensemble pour la République de Moïse Katumbi Chapwe ne s’en cache plus. Peut-être, Kadima doit encore chercher à convaincre par des moyens autres qu’une simple démonstration capacitaire. Plusieurs défis se mettent en obstacles face à l’actuelle CENI, notamment son impopularité, son manque d’assise consensuelle, la contestation de ses principaux animateurs et les premiers revers de gestion. Par respect à la signature du président de la République dont l’ordonnance a investi les membres de la CENI, les acteurs politiques et sociaux choisissent de faire profil bas, question d’attendre l’éclosion des grands enjeux pour maudir définitivement ladite équipe. Avec le climat de tension suscité par l’insécurité dans l’Est du pays, l’instabilité de l’Union sacrée et le retour aux affaires de Vital Kamerhe, il y a fort à parier que la machine électorale risque de s’écrouler.

Abbé Malumalu résista à Joseph Kabila en 2006

Ce qui ne se raconte peut-être jamais dans les milieux politiques est qu’alors que les partisans du président Kabila étaient quasiment convaincus que leur candidat allait écraser tous ses adversaires dès le premier tour de la présidentielle, l’abbé Malumalu s’apprêtait à annoncer un second tour, car Kabila, bien qu’en tête des scores, n’avait atteint le seuil de la victoire au premier tour. Une très mauvaise nouvelle pour le pouvoir de l’époque. Ce qui va pousser certains cercles du régime à tenter d’empêcher la proclamation des résultats au Centre de presse logé dans les installations de la paroisse Sainte-Anne, située derrière le bâtiment principal de la CENI. Ce, pendant que les hommes de Jean-Pierre Bemba et les éléments de la Garde républicaine s’affrontaient à l’arme lourde en pleine ville de Kinshasa.

Pas dans un char de combat, les résultats de 2006 furent annoncés à la RTNC

Présent ce jour-là, j’ai vécu la scène. C’est sous une pluie de balles, dans un blindé de la Mission des Nations unies au Congo (Monuc), qu’Apollinaire Malumalu put finalement se rendre jusqu’à un studio de la télévision publique ( RTNC) pour annoncer la mise en ballottage du président Joseph Kabila et le score inespéré de Jean-Pierre Bemba. Malumalu avait négocié et obtenu de l’ambassadeur William Lacy Swing, chef de la Monuc (Mission d’observation des Nations unies au Congo), 14 blindés pour transporter l’équipe de la plénière de la CEI jusqu’à la RTNC, en passant par les avenues Kasaï et Kabinda. Le prêtre catholique tenait à rendre les vrais résultats des urnes. Après cette communication difficilement rendue, Malumalu et son équipe seront logés au Grand hôtel Kinshasa. C’est là qu’il lancera une concertation quotidienne entre les délégués de Jean-Pierre Bemba Gombo et de Joseph Kabila Kabange pour une plus grande transparence des résultats du second tour. À son temps, Malumalu avait du respect pour les parties prenantes au processus électoral et ces dernières lui réservaient une admiration de grande considération. Les élections constituaient un évènement démocratique de taille que le pays a perdu depuis.

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